(Fini le train russe : on est maintenant a Ulan Bator, Mongolie. Du coup, petit topo sur les 100 heures passees sur les rails:)
Decor :Les gares sont souvent de beaux batiments, incluant billeteries, consignes, et aussi une sorte d'hotel "chambre de repos" pour ceux qui arrivent la nuit. Il y a 2 types de classe : platskart et kupe, qui equivalent a la 3e et 2e classe.
De chaque cote du wagon, des toilettes/lavabo. Du cote ou on monte, un samovar est a disposition (parfait pour le the et les nouilles chinoises) et il y a la cabine de la Provodnitsa. Les couchettes sont reparties par groupe de 6 pour la classe platskart. Pour la classe Kupe, elles sont par 4, et une porte les isole du couloir.
Presentation des personnages principaux :-La Provodnitsa : c'est l'hotesse presente dans chaque wagon, qui fait a la fois controleur, femme
de menage, vendeuse de the et friandise, renseignements... Il en existe de plusieurs sortes, des fois hilares pour un rien, d'autres fois un peu renfrognees. Chacune a son style.
- Chocoboko et sa drink team : la toute 1e personne dont on a fait connaissance dans le train. Russe, parlant anglais (ce qui est assez rare), il rentre du Laos ou il etait guide pour touristes. Tres sympathique et deja bien emmeche au depart du train, il nous montre notre place et nous expliques quelques trucs. Au milieu des festivites, il apprend a dire "a la votre" en laotien, a son fan-club (compose de 2 nanas, dont une tombera de la couchette du haut, au milieu de la nuit), ca donne quelque chose que notre memoire defaillante retranscrit comme "Chocoboko", d'ou le surnom.
-Rosa et Rina : deux charmantes quinquagenaires tatares partant en visite chez des amis, quelque part au nord de Iekaterinburg. Nous abreuvent de bon the, et nous font gouter leurs gateaux fait maison. Petite initiation a la langue tatare, "an naa mim" ca veut dire "je comprends pas". Vraiment tres gentilles.
- Sacha et Vadim, les affreux jojos : commencent le voyage par 2L de biere chacun, a 14h. Puis disparaissent (au wagon resto) et reviennent avec un litre de vodka. Et ainsi de suite. C'est nos voisins directs, au bout d'un moment, titubant, ils viennent nous voir pour qu'on boive avec eux. Charmante attention, mais rustres que nous sommes, nous refusons (faut dire qu'ils etaient bien faits et peu engageants), c'est tres mal poli de notre part. Ils insitent, le ton monte. Alexei le gars d'a cote qui parle anglais s'en mele, ainsi que les autres passagers. Nos deux amis laissent beton. Plus tard, Sacha se couche et dort pour le reste du voyage (heureusement qu'il a dormi car j'avais trop peur qu'il me gerbe dessus... -dixit Maud). Vadim a besoin d'un nouveau camarade (boire seul ca se fait pas), Alexei jouera ce role avec conviction tout en expliquant que le langage de Vadim est du registre "sorti de prison". Le pauvre Vadim finit sa nuit par terre a cote de sa couchette sans reussir a remonter et une dent cassee, suite a une chute au cours de la soiree (ca nous a fait un peu mal au coeur a vrai dire...).
- Alexei : trentagenaire elegant, parle pas mal anglais, travaille dans le petrole (il a vecu dans le nord de la siberie, et est alle a Sakhaline et au Turkmenistan, il est plutot pro-Turkmenbashi). Originaire de Novosibirsk, selon lui la plus belle ville du monde, qui devrait etre la capitale de la Russie. Pas mal discute avec lui, surtout quand il est devenu pote avec Vadim ("tu vois c'est ca la Russie, il y a 5 minutes on s'insultait, maintenant on est potes!"), sur sa vision de son pays, etc, et
aussi des balgues sur les georgiens ou le mot "bitte" apparait plus souvent que la moyenne.
-Galia : la gentille etudiante (geographie et danse) probablement un peu fauchee. Souriante et paisible, l'air bien installee dans le train, et pour cause : "Et ca fait combien de temps que tu es dans le train? -euh, 5 jours!" (elle etudie dans un patelin a 10 heures de Moscou, et sa famille est a Tikha, en Siberie orientale, pas bien pratique). Nous qui etions fiers de nos 36 heures de train... En plus ca faisait la cinquieme fois qu'elle faisait ce trajet!
Quelques personnages secondaires, comme toile de fond :
- La vieille qui essaie toutes les sonneries de son portable a 7 heures du matin
-La femme avec un bebe qui reussit l'exploit qu'il ne fasse pas un bruit de toute la nuit.
-La jolie jeune fille qui se tape un apero bierre-cacahuette qui nous fait palir d'envie (a l'epoque on etait pas encore des pros du train, apres on savait faire aussi)
-Le gros qui respire fort et qui ronfle toute la nuit.
-La femme enceinte de mauvaise humeur, que l'idee meme de notre presence derange, alors quand Maud met un pied sur sa couchette en bas pour descendre, on l'entend piaffer d'agacement ("tsss...").
Avis de Maud :C'est trop bien le train russe, c'est le top du confort! On se fait son petit nid (installer son lit, brosser les dents, pantoufles, the). En plus, ca fait une bonne occasion d'etre en contact avec des Russes, qu'on ne rencontrerait pas autrement. Et aussi, on a tout loisir de revasser et trainasser sans culpabilite aucune, voire au contraire avec une bonne raison (ben, ya que ca a faire apres tout). J'adore!
Apres s'etre delasses a Ulan Bator, nous decidames d'une petite escapade a Terelj, parc national non loin de la capitale. Ainsi, nous empruntames un omnibus de la ville. Une fois sur place, nous nous engouames pour une de ces pittoresques yourte-a-touriste qui foisonnent la-bas : les autochtones aiment a s'y rendre le week end, c'est egalement une expedition simple et charmante pour les voyageurs etrangers dont nous sommes. Nous nous livrames avec delectation aux distractions qu'offre la campagne mongole : equitation, randonnee, jeux a la riviere. Nous rentrames par l'omnibus, bonde de monde. Quel delicieuse partie de campagne !
